lundi 18 septembre 2017

Sur le GR10 de Mérens-les-Vals à Vernet-les-Bains

J'avais prévu depuis le printemps dernier une traversée des Pyrénées orientales, depuis la haute Ariège où mes pas m'avaient conduit à partir de Foix, si possible jusqu'à la Méditerranée.

Peu avant la date prévue, je pensais encore partir seul et, bien qu'appréciant la marche en solo, j'appréhendais la durée de cette randonnée : une douzaine de jours en suivant le découpage en étapes standard du GR10, conditionné par la présence d'hébergements en dur, refuges ou gîtes d'étape. J'avais donc réduit mes ambitions à la partie la plus montagneuse du parcours, jusqu'au Canigou et au refuge des Cortalets, d'où je pensais descendre sur Prades - je craignais par ailleurs la longueur des trois dernières étapes (entre 7 et 8 heures de marche selon le topoguide).
En revanche, j'étais tenté par un détour par les crêtes entre le Ras de la Carança et le Pla Guillem, via le refuge catalan (je n'ose dire espagnol) de Ulldeter : le nombre d'étape restait le même, mais ce détour sans difficulté majeure permettait de rester en haute montagne au lieu de devoir descendre assez bas dans la vallée. Et j'avais bien l'intention de passer par le sommet du Canigou plutôt que de le contourner comme le fait le GR10. Mais on verra que tout ne s'est pas passé comme prévu...

Alors que j'avais renoncé à trouver un coéquipier via les forums de rando dont je suis membre, j'ai reçu un message d'un homme un peu plus âgé que moi et randonneur aguerri, qui était prêt à partager cette aventure, et souhaitait poursuivre jusqu'à la fin du GR10, à Banyuls-sur-Mer. Je m'y suis donc finalement décidé, et nous nous sommes donné rendez-vous à Ax-les-Thermes pour rejoindre avec sa voiture le gîte d'étape de Mérens-les-Vals le 10 septembre en fin d'après-midi. Comme d'habitude, j'ai voyagé en train.

La météo n'était pas très encourageante pour cette fin d'été, annonçant des conditions plutôt automnales (froid et plusieurs jours de pluie, voire neige en altitude) la première semaine, même sur le versant Pyrénées-Orientales au climat pourtant habituellement plus sec que celui de l'Ariège.
Malgré cela j'avais décidé de m'alléger, en partant avec un petit sac à dos et en n'emportant que le strict nécessaire, à quelques détails "de confort" près. Pour la première fois depuis que je pratique la randonnée itinérante, je ne porterais pas plus de 5 à 6 kg sur le dos, en comptant le ravitaillement pour quelques jours de marche et l'eau pour la journée. Mais c'est une autre histoire, car mes choix de matériel n'ont pas interféré avec le déroulement de la randonnée, si ce n'est par l'absence d'un pantalon imperméable que je n'aurais de toute façon pas pris.



L'arrivée à Mérens s'est faite sous un ciel bouché et une pluie froide. Le temps avait changé depuis la veille et il avait neigé sur les crêtes selon la gérante du gîte d'étape l'Auberge du Nabre (très bonne adresse !), ce que nous ont confirmé d'autres randonneurs arrivés par le GR10 ou séjournant à Mérens.

11 septembre : de Mérens au refuge des Bésines

La météo ne s'était pas trompée en annonçant de la pluie. Heureusement celle-ci était assez fine, même si elle rendait l'ambiance très humide.
Je redoutais un peu cette étape, non pour sa longueur (environ 5 heures 30 de marche), mais pour son dénivelé ascendant (1200 m) qui me semblait important pour une reprise après deux mois durant lesquels je n'avais pas trop entretenu ma condition physique. Et encore, je ne savais pas que le terrain serait aussi pénible durant une bonne partie de la montée, le sentier traversant des éboulis de gros blocs rendus glissants par la pluie (et ce ne seront pas les derniers !) :


Quelques moments plus agréables cependant durant cette montée (et les photos sont toujours un bon prétexte pour faire de petites pauses) :

Je suis arrivé au col des Bésines (2333 m) au bout de près de 5 heures de marche, sous le début de l'éclaircie prévue en début d'après-midi, qui laissait deviner le principal sommet dominant ce vallon, le Puig Pedros :

Mon compagnon de route m'y attendait depuis un bon moment - j'avais constaté dès les premières pentes raides qu'il marchait beaucoup plus vite que moi et lui avais suggéré de ne m'attendre que lors des pauses ou aux points-clés de l'itinéraire. Il commençait à avoir bien froid et nous ne nous sommes pas attardés, pensant trouver plus bas un endroit mieux abrité du vent pour y pique-niquer.

Entre temps les nuages s'étaient bien dissipés, nous laissant enfin profiter de la vue sur les sommets :
 
Au point que lorsque nous nous sommes arrêtés un peu plus tard sur un petit plateau, l'impression de beau temps dominait... provisoirement
(cliquez sur les photos pour les agrandir, ou clic droit et ouvrir le lien dans un nouvel onglet pour les voir en plein format)

De là une rapide descente nous a conduit au refuge des Bésines, dominant l'étang du même nom (un petit lac de barrage) que nous n'aurons fait qu'apercevoir, étant rapidement plongés dans la purée de pois. Refuge atteint vers 14h30, soit 6 heures 15 après notre départ, dont environ 5 heures 30 de marche effective (du moins pour moi...).

Refuge moderne mais mal isolé (au moins les chambres sous le toit en tôle) et alimenté en électricité uniquement par des panneaux solaires qui ont eu bien du mal à fournir vu le temps. Pas de lumière à l'étage des chambres et des sanitaires, douche chaude hors de prix pour 4 minutes (mais l'eau froide c'est vivifiant !), et deux maigres néons dans la salle commune. Son poêle à bois ne réchauffe qu'un coin de cette vaste salle et les affaires trempées de la quinzaine de randonneurs présents auront bien du mal à sécher, surtout les chaussures.
Pas de réseau, bien que le site du refuge indique un numéro de mobile en plus du fixe (par satellite en fait) pour joindre le gardien. J'avais promis à ma chère moitié de l'appeler ce soir là, résultat : crise d'angoisse, et après avoir essayé vainement de me joindre ainsi que mon coéquipier, elle a fini par appeler le gardien...

Retrouvé deux sympathiques Anglaises qui étaient avec nous la veille au gîte de Mérens et que nous reverrons lors des deux prochaines étapes.
Fait connaissance avec un couple d'Anglais âgés et plein d'humour, arrivés d'Andorre et qui avaient renoncé à camper à cause du temps, et que je reverrai tous les jours jusqu'à la fin de ma randonnée. J'espère pour eux qu'ils sont encore en route, leur projet étant d'aller jusqu'à Banyuls : pour lui, c'est la fin de sa traversée des Pyrénées, faite en partie par le GR10 (avec madame) et en partie par la HRP, de Gavarnie jusqu'en Andorre. Chapeau ! (mais je ne saurai tout ça que dans deux jours)
Longuement discuté avec une jeune femme partie depuis Banyuls pour St-Jacques avec son chien, mais qui trouvait dommage de remonter jusqu'à Carcassonne pour prendre le chemin de Compostelle et préférait suivre la HRP et/ou GR10 jusqu'à St-Jean Pied de Port (elle envisageait de se rabattre sur le GR10 à cause du temps, pour éviter de passer par les crêtes). Parfois on se sent tout petit randonneur...

12 septembre : des Bésines au lac des Bouillouses

Comme prévu le temps est encore à la pluie ce matin et la température doit être en-dessous des 5°C. La météo annonçant une éclaircie l'après-midi nous ne sommes pas trop pressés de partir, bien que l'étape soit assez longue.
Sur le papier, rien d'impressionnant, avec deux cols à passer mais seulement 400 m de dénivelé pour le premier et 200 pour le deuxième, puis un long parcours au fond de la haute vallée de la Têt, quasiment plate, qui conduit jusqu'au lac de barrage des Bouillouses.
Mais ce que la carte ne dit pas, c'est à quel point le haut vallon des Bésines est rocailleux, et que le GR10 y traverse des chaos de blocs de granit dans lesquels l'itinéraire est parfois difficile à suivre malgré les balises, et surtout bien plus pénible lorsque le rocher est glissant.
Et cela commence dès la sortie du refuge, à moins de prendre le sentier qui plonge vers le bas et de perdre une cinquantaine de mètres d'altitude avant de remonter par le fond de la vallée. Ce qu'on fait les deux Anglais partis peu après moi, et qui finalement arriveront presque aussi vite et probablement moins fatigués à la jonction des deux sentiers...
Finalement, après avoir rebroussé chemin une première fois en les voyant s'engager sur ce sentier, puis constaté qu'ils étaient bien plus bas, j'ai préféré reprendre le sentier "normal" et ne suis parti en fait que vers 9h20 du refuge, en même temps que mon coéquipier. Nous avions décidé de ne plus essayer de marcher ensemble, mais le fait de le voir partir comme une flèche et de savoir qu'il se sentirait obligé de m'attendre plus loin m'a quelque peu stressé...

La progression jusqu'au col de Coma d'Anyell s'avérant particulièrement pénible par endroits, et ne sachant pas encore à quel point les Anglais sont expérimentés (lui du moins), j'ai un bon prétexte pour ne pas aller trop vite : j'essaie de rester en vue dans les passages difficiles, sans les attendre pour autant histoire de ne pas les vexer... Mais leur rythme assez lent  me convient bien (en fait monsieur porte la plus grande partie de leur charge et attend madame, moins entraînée que lui), et nous nous suivons pratiquement jusqu'au col : une fois sorti du chaos rocheux en-dessous de celui-ci, je fais une pause pour m'alimenter un peu, ne sachant pas que mon coéquipier m'attendait ailleurs (à l'abri d'une cabane de berger visible sur la carte). J'aurai la surprise de le voir arriver derrière moi au col.
La crête où se situe le col de Coma d'Anyell constitue la limite entre l'Ariège et les Pyrénées-Orientales, et entre le relief de vallées encaissées de la première et les hauts plateaux constellés de lacs du massif du Carlit.

C'est aussi une limite climatique, du moins quand les perturbations venues de l'ouest ne débordent pas trop ces crêtes. Je ne sais pas si c'est l'effet de cette limite ou celui de l'éclaircie qu'annonçait la météo, mais le ciel semble plus clair vers le sud-est,
en descendant vers l'immense étang de Lanoux (ou estany de Lanòs en catalan), retenu par son barrage

Mais l'éclaircie est bien là lorsque nous nous arrêtons pour déjeuner vers 12h30 à la cabane de Rouzet, et le beau temps ne nous quittera pas les deux prochains jours.



















De là le chemin remonte vers la Portella de la Grava (2426 m), après un dernier regard sur l'étang de Lanoux :

Ce col donne accès à la vallée de la Grava, rivière qui prend plus loin le nom de la Têt. Depuis le col on aperçoit pour la première fois le Canigou, encore bien loin :

Au début de la longue descente (6 km pour 400 m de dénivelé) on passe au petit lac l'Estanyol, 
où mon coéquipier m'a à nouveau attendu : ayant à nouveau accès au réseau il s'est aperçu que mon épouse lui avait laissé un message la veille au soir, et l'a rappelée pour la rassurer (pas sûr qu'il l'ait vraiment fait en lui disant que je n'étais pas trop en forme)
Mais le chemin est encore bien long jusqu'à l'endroit où la vallée s'incurve vers le sud, là-bas tout au fond :
Avant d'atteindre l'extrémité nord du magnifique lac des Bouillouses 
qu'il faut encore longer sur près de 3 km 
avant d'atteindre le barrage, qu'on traverse 

pour enfin descendre vers notre but, le refuge du CAF - un hébergement parmi d'autres dans ce site desservi par une bonne route, et très fréquenté.

Il est 17h quand j'arrive au refuge, bien après mon coéquipier que j'ai à nouveau laissé partir devant : avec la fatigue due à la pénible montée depuis les Bésines ce matin, mes jambes se sont faites bien lourdes durant ce long trajet en faux plat, entrecoupé d'éboulis par endroits.

J'ai eu l'impression d'être bien lent tout au long de cette journée, mais en tenant compte des pauses, elle a représenté peut-être 6 heures 45 de marche effective, donc guère plus que ce qu'indique le topoguide...

Bon repas au refuge, avec une bonne salade de tomates en entrée et du poulet rôti, premiers produits frais depuis le départ c'est agréable. Une table anglophone (toujours les mêmes) et une francophone, où nous discutons avec deux randonneurs-pêcheurs qui vont de lac en lac et de refuge en refuge en passant en cuissardes et avec leur équipement par des endroits où je mettrais difficilement les pieds en chaussures de randonnée...

13 septembre : des Bouillouses à Planès

Le beau temps est là, mais il fait bien froid ce matin. L'étape qui s'annonce ressemble presque à une journée de repos, avec sa lente descente à travers bois vers Bolquère puis la traversée de la "plaine" du col de la Perche suivie par une courte montée vers Planès.
Nous avons convenu avec mon compagnon de route de ne nous retrouver que le soir au gîte d'étape. Enfin, quand je dis "nous avons convenu", c'est plutôt moi qui en ai décidé ainsi... C'est un soulagement pour moi : je vais pouvoir marcher tranquillement, flâner si je le souhaite, sans me préoccuper de le faire attendre.

Dès le début de la descente une surprise m'attend : le GR est provisoirement dévié (je ne saurai pas pourquoi) par les lacs qui parsèment les bois en-dessous du barrage des Bouillouses. Cela tombe bien, j'avais de toute façon envie de faire ce détour, quitte à marcher une petite demie-heure de plus, mais il en vaut la peine !
Après une courte montée le sentier descend d'abord vers l'estany Llarg (étang Long),
puis, après l'avoir longé, descend vers l'Estany Negre (étang Noir) une cinquantaine de mètre plus bas :


Après avoir fait le tour de l'Estany Negre, le sentier descend vers le fond de la vallée et longe la Têt jusqu'au Pla dels Avellans, d'où on rejoint par une piste l'itinéraire normal du GR10.

Toujours par une large piste forestière montant en pente douce (piste de ski de fond l'hiver ?), on passe au pied de remontées mécaniques de la station de Font-Romeu - Pyrénées 2000 dont on est séparé par une crête boisée. Heureusement sur ce versant les pistes de ski n'abiment pas trop le paysage. Le GR contourne cette crête avant de descendre rapidement vers le village de Bolquère, d'abord par un sentier, puis par une petite route, après avoir traversé la route plus importante qui conduit à Font-Romeu.
J'arrive à Bolquère vers midi. J'ai prévu d'y compléter mon ravitaillement pour les prochains jours, mais en fait je suis loin d'avoir épuisé mes réserves et je me contente d'acheter un bon morceau de tomme de brebis, qui permettra de varier un peu le menu de mes pique-niques.
Et tant qu'à profiter d'une journée de détente, je me mets à la recherche d'un restaurant... Accueil sympathique et bon repas en terrasse à l'hôtel-restaurant de Lassus (menu du jour à 15€).
Je repars de Bolquère 1 heure 30 plus tard.

Le GR faisant un détour dont je ne vois guère l'intérêt (éviter une portion de route ?), je descend directement par la route vers le col de la Perche et ses vastes paysages de plaine d'altitude :

Après avoir traversé la ligne du Train Jaune puis la route principale, je poursuis par le GR10 qui emprunte une piste sur l'autre versant jusqu'à La Cabanasse, avec le Canigou en ligne de mire :
A la Cabanasse il faut prendre la petite route qui descend vers le fond de la vallée, puis bifurquer à droite par un sentier qui remonte d'une cinquantaine de mètres vers un plateau puis plonge dans une petite vallée avant de remonter à nouveau d'une cinquantaine de mètres vers Planès. 

Au total cette étape n'aura pas présenté plus de 300 m de dénivelé ascendant. Ne serait-ce l'altitude (autour de 1500 m) et les hauts sommets qui entourent ce vaste plateau elle s'apparenterait plutôt à une balade en plaine. Je la voyais a priori comme une étape de transition, qui ne m'enthousiasmait pas trop. Mais, entre le détour par les lacs en partant des Bouillouses et l'étendue des paysages traversés, elle vaut bien mieux que cela.

J'arrive au "gîte-auberge écologique" l'Orri de Planès vers 15h15 en n'ayant en fait marché que cinq heures tant cette journée était propice à la flânerie... Belle maison et aménagements confortables, aussi bien dans la partie gîte d'étape que dans celle réservée aux chambres d'hôtes et au restaurant.
J'y retrouve mon compagnon de route, et arrivent un peu plus tard les randonneurs anglais rencontrés lors des étapes précédentes. Les deux Anglaises qui sont parties de Mérens en même temps que nous ont prévu une journée de repos à Planès, où elles ont pris une chambre d'hôte. C'est donc la dernière fois que nous les voyons.
Le repas est pris en commun autour d'une grande table où se côtoient les clients des chambres d'hôtes et les randonneurs de passage. Les conversations en franglais vont bon train, bien aidées par le vin servi à volonté (une fois payé le premier verre). Bon repas à base de produits bio - la salle est décorée de belles photos de tous les agriculteurs et éleveurs de la région auprès desquels l'auberge s'approvisionne.

14 septembre : de Planès au Ras de la Carança

Il fait encore grand beau temps ce matin, mais la météo annonce l'arrivée des nuages en fin de matinée, et probablement de la pluie dès le début de l'après-midi. L'étape est assez longue, donc je n'ai guère l'espoir d'y échapper. Je ne me presse donc pas plus que d'habitude, pars vers 8h20 en laissant filer mon (ex-)coéquipier qui arrivera bien avant moi au Ras de la Carança.

Le sentier s'élève au-dessus de Planès, offrant une large vue vers les sommets côtoyés les jours précédents :
Une première montée assez raide conduit à un petit col 400 mètres plus haut, à partir duquel le sentier se poursuit à flanc à travers bois sans perdre trop d'altitude, jusqu'à contourner une deuxième crête après laquelle il descend vers la vallée de la Riberola, qu'il remonte ensuite pendant près d'1 km. Sachant que je vais pratiquement revenir sur mes pas par l'autre versant (j'y aperçois la piste, peut-être à 100 mètres à vol d'oiseau), je serais bien tenté d'enjamber cette vallée pour gagner une petite heure de marche... 
Mais les vues qu'offre ce chemin vers les hauts sommets qui ferment la vallée au sud compensent ce détour imposé : 

J'arrive vers 11h près du pont qui franchit la rivière et d'un orri (cabane de berger en pierres sèches). Le cadre est agréable et le temps encore beau bien que les nuages commencent à moutonner au nord-ouest. J'y fais une pause casse-croûte un peu matinale, mais j'ai déjà pas mal marché, et j'ai faim.

Une fois passé le pont, le chemin se poursuit vers l'aval et arrive quelques centaines de mètres plus loin au refuge de l'Orri, cabane de berger et abri ouvert pour randonneurs. Ici les vaches sont grises...






Un dernier regard vers l'amont avant d'emprunter la piste qui descend vers le nord en surplombant la rivière,

jusqu'à un embranchement où on quitte la piste qui descend pour prendre celle qui monte à droite et passe peu après devant une jolie cabane :
Là l'itinéraire balisé bifurque vers l'est pour monter tout droit dans un raide vallon caillouteux. Je regrette un peu de ne pas avoir continué par la piste, que le sentier rejoint 300 mètres plus haut, et qui d'après la carte monte bien régulièrement...

Le ciel se fait menaçant, mais en attendant la pluie qu'il annonce j'ai eu bien chaud au soleil dans cette montée effectuée entre 12h et 13h...

Il reste encore 400 m à monter jusqu'au col Mitja. Plutôt que de continuer par l'itinéraire balisé qui prend à nouveau tout droit en coupant les lacets, je décide de rester sur la piste jusqu'au col. Sans regret car elle offre une belle vue vers la Cerdagne, ça vaut toujours mieux que d'avoir le nez dans le guidon sur l'itinéraire balisé qui suit le fond du vallon, encore assez raide...

J'ai quand-même encore chaud - alors que la température sous abri ne doit pas dépasser les 10°C à cette altitude. Au point que je fais une nouvelle longue pause peu avant le col pour laisser sécher mon T-shirt au soleil le temps de manger un morceau et de fumer un cigarillo...

Mais je sais que j'arrive au bout de mes peines en sortant de la forêt et voyant les pentes couvertes d'herbe rase s'adoucir aux abords du col Mitja (2367m).

Du col on découvre les sommets qui dominent la vallée de la Carança, but de la journée.

Mais il reste encore plus de 500 mètres à descendre. La piste se poursuit vers le fond de la vallée de la Carança. Après avoir attaqué cette descente par le sentier balisé qui coupe les lacets, et constaté qu'il est raide, caillouteux et glissant, je préfère encore poursuivre par la piste...

C'est peut-être plus long, mais la piste reste agréable et il ne me faut qu'une heure pour atteindre le refuge du Ras de la Carança (1830 m), où j'arrive vers 16h15.

Les nuages n'ont pas encore recouvert la vallée et le site est agréable, au bord de la rivière.

Je redoutais un peu cette étape, avec ses 1200 m de dénivelé positif et 900 m de dénivelé négatif cumulés en une quinzaine de km (j'ai dû en faire quatre ou cinq de plus en empruntant la piste du col Mitja plutôt que le sentier). Mais elle s'est bien passée, en marchant à mon rythme et en m'accordant des pauses quand j'en sentais l'envie ou le besoin.

Compte-tenu de ces pauses j'ai dû marcher 6 heures 45 ou 7 heures, donc finalement moins que ce qu'indiquait le topoguide. La tortue se porte bien, merci. Quant au lièvre il était arrivé depuis deux heures, ayant couru pour éviter la pluie (qui n'est jamais arrivée), mais je doute qu'il ait autant profité des paysages... Je ne regrette pas plus que la veille d'avoir décidé de marcher seul.

Le refuge de la Carança est plutôt rustique, avec ses toilettes sèches à 50 m, le robinet d'eau potable (source captée) à l'extérieur, et la douche alimentée en direct par le torrent (pas testée, je me suis contenté de me rincer au robinet). Un seul dortoir de 30 places avec des matelas de 70 cm côte à côte sur des bats-flancs superposés, et une salle commune qui doit être bien exigüe lorsque le refuge est plein... Seul éclairage le soir venu, quelques bougies - les panneaux solaires suffisent tout juste à alimenter le téléphone satellite du gardien.
D'ailleurs, le couple anglais arrivé un peu plus tard préfèrera aller camper plutôt que de subir la promiscuité du dortoir...
Mais tout ça fait une bonne ambiance de refuge de montagne à l'ancienne. Surtout que les nuages ont sagement attendu que le soleil passe derrière les crêtes, permettant de rester dehors jusque vers 18h30 malgré le froid qui arrive. Et comme nous n'étions qu'une douzaine, la place ne manquait pas, aussi bien autour de la table que dans le dortoir.
Nouvelles rencontres, dont surtout un randonneur solitaire toulousain, plus âgé que moi d'une dizaine d'années (mais meilleur marcheur !), que je retrouverai le lendemain.

15 septembre : du Ras de la Carança à Mantet

La pluie promise par la météo est arrivée pendant la nuit - j'en sais quelque-chose, ayant dû sortir du refuge sous une pluie glaciale vers 2 heures pour satisfaire un besoin naturel. Et au petit matin il ne doit pas être loin de geler - ce n'est peut-être que l'épaisse couche de nuages qui maintient la température au-dessus de 0°C. Le refuge est plongé dans la purée de pois. La météo annonce une éclaircie pour l'après-midi, mais c'est encore loin.
La veille au soir les discussions ont tourné autour des étapes possibles en fonction du temps, certains envisageant de doubler l'étape du lendemain pour atteindre le refuge de Mariailles et ayant identifié un raccourci possible pour y monter depuis le village de Py, d'autres hésitant entre faire étape à Mantet ou à Py. Au vu de la météo j'avais bien sûr renoncé depuis deux jours à mon projet de passer par le col de la Carança (2725 m) pour rejoindre la HRP et passer par le pic de la Vaca (2826 m) pour rejoindre le refuge d'Ulldeter, puis d'aller d'Ulldeter à Mariailles par une longue crête entre 2200 et 2400 m d'altitude. Malgré tout deux randonneurs faisant une boucle dans le coin maintiennent leur projet de passer par le col de la Carança pour descendre sur Nuria.

Vu le temps ce matin, je suis plutôt tenté de m'arrêter à Mantet, bien que cela fasse une courte journée de marche. Du coup, rien ne presse : autant profiter de l'éclaircie annoncée, si jamais elle arrive... Bref, une fois de plus le lièvre fait mentir la fable en partant avant la tortue.

Je pars quand-même vers 8h30, bien après le petit-déjeuner servi à 7h. Le sentier commence par monter d'une centaine de mètres vers la Coma dels Bacivers qu'il traverse pour atteindre un petit plateau, puis descendre de presque autant dans le vallon suivant. C'est frustrant, surtout sous une pluie battante.
La montée reprend en direction du col del Pal par des pentes assez raides. Vers 2000 m la pluie tourne à la neige fondue, puis un peu plus haut à de la "vraie" neige qui tombe dru et commence à tenir au sol. Il n'est pas encore 11h mais n'ayant pas mangé suffisamment au petit-déjeuner j'ai déjà faim et fais une courte pause bien que le temps n'incite pas à s'arrêter.

J'arrive au col del Pal (2294 m) vers 11h15, mais de là le sentier bifurque vers la droite pour continuer à monter légèrement à flanc d'une cinquantaine de mètres de plus, jusqu'à une nouvelle crête où s'amorce la descente. Par endroits la trace n'est plus très visible, et je sais qu'il ne faut pas rater le sentier pour s'engager dans la descente plutôt escarpée d'après la carte. Je ne suis pas sûr qu'il y ait d'autres randonneurs derrière moi (peut-être le couple anglais), et me sens un peu seul dans ces conditions.

La descente est effectivement bien raide, et glissante, évidemment. Pour le coup je regrette vraiment de ne pas avoir un bâton. J'avance précautionneusement...
J'ai froid car je n'ai pas eu le courage d'enlever ma veste imperméable pour enfiler ma polaire en passant au col. Et encore plus froid aux cuisses, mon pantalon étant maintenant trempé (normalement il sèche vite avec la chaleur produite pendant la marche, mais là il fait vraiment trop froid).

Mais je préfère en finir avec la partie difficile de la descente et trouver un abri sous les arbres pour faire une pause. Après avoir enfilé ma polaire et mangé un morceau ça commence à aller mieux, et j'ai la bonne surprise de voir arriver les deux Anglais. Nous discutons un moment de la pluie et du beau temps, puis je les laisse partir. Je les doublerai à nouveau un peu plus bas.

La suite de la descente jusqu'à la rivière de Mantet se passe sans problème. La pluie a remplacé la neige, ce n'est pas plus agréable, mais au moins je n'ai plus froid depuis que je me suis couvert. Et le fait d'apercevoir le village en face me redonne du courage.
Il faut encore une courte montée pour y arriver. J'y suis vers 13h30.

Je sors mon téléphone pour vérifier si je capte le réseau, et reçois aussitôt un message que mon (futur ex-)coéquipier m'a laissé quelques minutes plus tôt pour me dire qu'il est arrivé à Py (2 heures plus loin selon le topo) et nous a réservé un chambre pour deux à l'auberge de Py. Sur le moment je suis un peu... agacé, car ce matin nous avions convenu de nous contacter pour décider où faire étape, et je ne me sens vraiment pas le courage de marcher encore deux heures sous la pluie qui s'est intensifiée.


Le village de Mantet est très joli, avec des maisons bien restaurées. On ne croirait pas qu'il était quasiment abandonné dans les années 1960 et n'a revécu que grâce à l'installation de néo-ruraux par la suite. C'est un bout du monde, relié par une route passant par un col à 1760 m et descendant sur Py, 800 m plus bas

Mais je ne suis pas vraiment d'humeur à en profiter, du moins tant que je n'aurai pas trouvé un abri.




Pas grand monde dehors... Je croise quand-même deux jeunes femmes à qui je demande où je pourrais prendre un café. Nous sommes devant un gîte, mais qui n'a pas l'air ouvert ; elles me conseillent d'aller jusqu'au gîte la Cavale, au-dessus du village. Entre temps je les vois monter dans une voiture et essaie de saisir l'occasion pour me faire emmener à Py : du moment qu'elles partent en voiture elles ne peuvent qu'y passer. Malheureusement la voiture est déjà pleine.
Je ne suis toujours pas décidé, mais de toute façon le gîte est sur le chemin de Py... Un dernier effort et m'y voilà. Sur la terrasse du gîte j'apprends que les propriétaires viennent juste de partir faire leur sieste, et la personne qui est là ne sait pas me dire s'il reste de la place pour la nuit mais me propose de me faire du café. C'est toujours ça... Ne sachant pas si je ne vais pas repartir dans un moment, j'hésite à me déchausser pour rentrer me réchauffer devant la cheminée. Mais c'est le randonneur toulousain rencontré la veille, et arrivé un peu avant moi au gîte qui emporte la décision en me disant qu'il reste deux lits dans la chambre où il est installé. Il devrait donc y avoir de la place pour la nuit. La décision est prise : je reste à Mantet, et je peux enfin me mettre au chaud.
J'appelle mon coéquipier pour le prévenir, il n'y a pas de problème : il a en fait réservé à Py en prévenant la propriétaire qu'il ne savait pas si la chambre serait occupée par une ou deux personnes. Normalement nous nous retrouverons au refuge de Mariailles le lendemain.
Peu après, le couple anglais arrive. Ils hésitent aussi, mais personne ne pouvant leur assurer qu'il reste une chambre libre pour la nuit, ils parlent de poursuivre jusqu'à Py malgré la pluie : en bons Anglais ils en plaisantent en disant qu'ils ont l'habitude... J'appelle l'auberge de Py pour demander si ils peuvent y être accueillis, leur réserve une chambre, et les voilà repartis.
Un moment après la propriétaire du gîte réapparaît et me confirme qu'elle peut me loger pour la nuit. Je vais pouvoir aller prendre une douche chaude et me changer, ce n'est pas du luxe...
La fin de l'après-midi et la soirée seront agréables, animées par un groupe de Catalans qui montent tous les ans passer quelques jours à Mantet pour y randonner, depuis leur village dans la plaine près de Perpignan. Entre partie de tarots et anecdotes diverses sur leurs aventures de randonneurs tout terrain et sur la vie de leur village, apéritif apporté par les amis qu'ils attendaient, repas en commun et re-partie de tarots pour les uns et discussion pour les autres, la soirée passe vite même si elle se prolonge plus tard que d'habitude.

16 septembre : de Mantet à Vernet-les-Bains

Le ciel s'est dégagé pendant la nuit, et les sommets enneigés sont caressés par les premiers rayons du soleil. Levé à 7h pour le petit-déjeuner, je suis prêt à partir peu après 8h. Pas très enthousiaste, car la météo annonce à nouveau de la pluie pour l'après-midi, qui, vu le froid, donnera de la neige en altitude.
Me retrouvant seul pour marcher, j'avais déjà décidé deux jours plus tôt de ne pas aller plus loin que le refuge des Cortalets, après la traversée du Canigou, et de descendre prendre le bus à Prades le 18. Mais il est maintenant évident que le Canigou sera enneigé ; la voie de la cheminée qui permet d'y monter depuis le refuge de Mariailles risque d'être difficilement praticable et l'itinéraire bis par le pic Barbet pas très engageant non plus. Quant au contournement par le GR10, je ne le considérais que comme un pis-aller. De plus la météo pour le 17 est mi-chèvre mi-chou, parlant tout juste d'éclaircies, et elle annonce de nouveau de la pluie pour le 18, où m'attend la longue descente sur Prades, 1800 m plus bas.
Bref, je tergiverse un peu, et un coup de fil de mon épouse finit de me décourager. Après avoir traîné encore un moment je me décide à partir pour Py en me disant qu'il sera toujours temps d'y prendre une décision - j'ai quand-même vérifié que je trouverai éventuellement de la place dans un TGV partant de Perpignan en fin d'après-midi, mais pas encore fait la réservation. De Py, j'aurai le choix entre continuer comme prévu jusqu'au refuge de Mariailles, ou me contenter de monter au col de Jou pour descendre vers Vernet-les-Bains.

Depuis la montée vers le col de Mantet, la vue se dégage vers l'ensemble des sommets qui dominent la vallée de Mantet, magnifiés par la petite couche de neige qui les recouvre au-dessus de 2000 m.
A mi-chemin du col le sentier rejoint un lacet de la route. De là j'aperçois une voiture qui quitte le village, et décide de rester sur la route : vu ma motivation, si je peux me faire prendre en stop jusqu'à Py ça sera toujours ça de gagné... Et c'est bien ce qu'il se passe, j'ai à peine besoin de faire signe pour que la voiture s'arrête et ses occupants me proposent de m'emmener. Il s'agit d'une famille habitant Mantet, ce qui me permettra d'en apprendre un peu plus sur la vie du village pendant le court trajet. Ces gens ont l'air heureux malgré l'isolement de leur vallée et la vie dans une aussi petite communauté (un peu plus de 30 habitants).

J'arrive ainsi à Py plus tôt que prévu même si j'étais parti à pieds vers 8h. J'ai la bonne surprise de voir apparaître le couple anglais, qui vient de quitter l'Auberge de Py dont ils semblent très contents. Ils me remercient chaleureusement d'y avoir réservé une chambre pour eux, et s'étonnent de me voir déjà là. Quand je leur explique que je suis venu de Mantet en stop, madame (qui aurait visiblement bien voulu en faire autant la veille mais a fidèlement suivi son mari sous la pluie et sur le sentier qu'elle a trouvé bien glissant) éclate de rire et me tend la main pour un "take me five", surprenant pour une personne de son âge. Je n'aurai pas eu beaucoup l'occasion de discuter avec eux mais c'étaient vraiment des gens charmants, chaleureux et pleins d'humour - et bien courageux.

Mais ma motivation n'est pas plus grande pour autant et je les laisse partir. Un coup de fil à mon épouse, un autre à mon ex-coéquipier pour le prévenir que je ne le retrouverai pas au refuge de Mariailles, un changement de réservation SNCF, et vers 10h je repars pour le col de Jou : je tiens quand-même à terminer en beauté en allant voir le Canigou de plus près, plutôt que de descendre en stop depuis Py ou d'y attendre le bus qui part pour Prades en début d'après-midi...
Le sentier du col de Jou, cheminant à flanc dans des pentes raides sans prendre beaucoup d'altitude, n'est pas très agréable, mais il offre quand-même de jolies vues vers la vallée :


Arrivé au col de Jou vers 11h30 j'y retrouve une dernière fois mes Anglais, en train de remettre leurs sacs sur le dos. Je leur explique que je descends vers Vernet-les-Bains, lui me montre sur la carte l'itinéraire qu'ils comptent suivre jusqu'à un emplacement de bivouac qu'il a repéré quelque-part sur le GR10, ne souhaitant pas dormir au refuge de Mariailles, ni sans-doute monter au Canigou enneigé.

Du col, j'emprunte la route qui descend vers Casteil
puis, après une pause pour casser la croûte et me changer en prévision de mon "retour vers la civilisation", les quelques km restant jusqu'à Vernet-les-Bains où j'arrive vers 13h45. Plutôt que de prendre le bus qui part pour Prades peu après, je préfère attendre le suivant qui va jusqu'à Perpignan, et me laisse le temps d'aller prendre un café en terrasse et de faire un tour dans le vieux village.

En début d'après-midi, le massif du Canigou est déjà dans les nuages, et un coup d'œil à la webcam du refuge des Cortalets le lendemain me confirmera qu'il est tombé une bonne couche de neige durant la nuit.
Quant au surlendemain, la webcam me confirmera encore que la météo avait vu juste en prévoyant de la grisaille et de la pluie. A posteriori j'ai donc moins de regrets d'avoir renoncé à ces deux dernières étapes...


En guise de conclusion

Malgré la déception de ne pas avoir été jusqu'au bout de mon projet (déjà fluctuant avant le départ), et au-delà du plaisir que m'ont procuré certaines journées de cette randonnée, j'en retiens quelques leçons.

Quand je peux marcher à ma guise, j'ai beau avoir l'impression d'être lent, je suis un randonneur comme les autres, capable de faire face à des étapes un peu longues et à des difficultés passagères. Il suffit de prendre son temps quand on a besoin de souffler. Mais ça, je le savais. Le corollaire de cette remarque est que la randonnée en solo me convient mieux que sa pratique en (petit) groupe, à moins de tomber sur des coéquipier(e)s avec qui je partagerais exactement les mêmes envies ET le même rythme de marche. Quant au besoin de socialisation pendant des randonnées solitaires au long cours, les rencontres faites au fil des journées suffisent à y répondre - du moins sur des sentiers relativement fréquentés, ou lorsque les étapes se font dans des lieux de vie suffisamment chaleureux.

L'autre leçon est que, quand on part pour une randonnée au long cours, il faut se ménager des périodes de repos, que ce soit à l'occasion d'une étape facile et courte, ou en passant une journée dans un village. Surtout lorsque les conditions sont mauvaises et qu'on a besoin de récupérer aussi bien moralement que physiquement - ce qui est difficile à prévoir une semaine ou deux à l'avance. Si j'avais voulu continuer cette randonnée, j'aurais pu (dû)  rester une journée à Mantet, faire une petite balade ou, pourquoi pas, accompagner les Catalans qui allaient pêcher, trouvant les conditions trop incertaines pour partir vers les sommets.
Malheureusement tout ça est difficilement compatible avec l'obligation de suivre un programme pré-établi, en ayant réservé les nuitées en refuge à l'avance, car ce besoin de journées de repos dépend largement des circonstances, météo, forme physique (et morale !) du moment et difficultés de récupération. Et puis il serait dommage d'avoir planifié une journée de repos dans la vallée et qu'elle tombe juste le seul jour où il fait grand beau temps dans une semaine pluvieuse...

Pour la liberté que cela apporte dans les choix d'itinéraires et d'étapes, j'envie les randonneurs "autonomes", équipés pour bivouaquer et affranchis du besoin de réserver des hébergements. Mais je ne sais pas encore si j'y suis prêt - ne serait-ce qu'à cause de la charge supplémentaire que cela demande de porter. Et je n'ose pas imaginer quelle serait la réaction de ma chère et tendre, déjà angoissée quand je voyage en montagne de refuge en refuge...
Ou alors il faudrait que je me contente d'une solution légère pour des bivouacs occasionnels, soit à proximité d'un refuge lorsque celui-ci est complet (ou simplement que je préfère éviter la promiscuité de son dortoir), soit pour permettre une étape improvisée lorsque les circonstances le demandent.

La saison de randonnée "estivale" étant terminée, voilà une piste de réflexion pour préparer la prochaine...

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